jeudi 16 février 2012

Je suis étudiante en Communications et « j’investis » dans NOTRE futur. Je veux réussir dans la vie, j’ai un iPhone et je n’ai pas de dreadlocks.

Mon billet sur la grève et les résultats de l'AG suite au vote contre la grève mardi dernier le 14 février en Communications à l'UdeM et en réaction à Marc-Antoine Morin, étudiant du programme dont les propos ont été largement diffusés dans les médias. Marc-Antoine Morin est pour la hausse, il est aussi pour la peine de mort et la torture de manière publique.





Je suis étudiante en Communications et « j’investis » dans NOTRE futur.

Je veux réussir dans la vie, j’ai un Iphone et je n’ai pas de dreadlocks.



DÉCEPTION disait-on dans Greve2012* aujourd’hui  car « du côté des étudiants en communication de l’Université de Montréal (AÉCUM), (ils) ont voté contre la GGI et refusent donc de se joindre au mouvement. Avec 181 personnes dans la salle, c’est un peu plus du quart des membres de l’association qui étaient présent à l’AG. »



Et bien parlons-en de cette AG car aujourd’hui, ce n’est pas la déception mais bien la HONTE que je partage en tant qu’étudiante en Communications à l’Université de Montréal!



Une AG mal préparée, des arguments faibles autant dans le Pour que pour le Contre où on parle de cash, sans parler de principes ou on parle d'efficacité sans parler de symbole d'appui.

Un vote de grève symbolique (de 10 jours !?) qui ne passe pas. Et pourquoi ? Parce qu'en grosse majorité, on pense à son examen en mars, son cours de thaï box et son stage chez Cossette. Allo la communauté!

Et il y a de quoi s’inquiéter. Rare.

Voilà dévoilé un symptôme plus profond ici… Un symptôme inquiétant, relié directement à la hausse des frais de scolarité…

Si l’éducation est en train de changer, ce n’est pas juste les programmes « rentables » favorisés, la facture étudiante qui s’alourdit, la gestion et le financement  des universités qui se privatisent, c’est aussi… les étudiants.

Les étudiants, la société de demain comme on se plait à le dire, ceux qui œuvreront dans les communications comme mes collègues, qui obtiendront des postes de grande influence dans la stratosphère médiatique, ceux qui sont au courant de la force d’un mouvement de masse et qui travailleront chaque jour avec et pour le public : C’est eux qui, en grande majorité, ont voté contre la grève, entre 2 tweets sur leur Iphone, leur cours de RP en tête, l’envie de régler le vote au plus vite, agités et stressés parce qu’ils venaient de manquer les 30 premières minutes de leur cours…

Ne manquez surtout pas 30 minutes de Relations de Presse !!
Mais manquez votre seule chance de comprendre un enjeu beaucoup plus vaste.
Manquez votre chance de comprendre ce qui se passera au Québec pour les 30 prochaines années et beaucoup plus…
Manquez votre chance de laisser l’individu de côté pour comprendre le sens du mot collectivité…

Une mentalité individualiste qui va de pair avec la privatisation et la hausse. Une mentalité que moi-même parfois, je me suis surprise à partager, étonnée, abasourdie de moi-même !

Les gens ne sont pas des mauvaises personnes, c’est une question de société.
Quand on baigne dans une idéologie particulière, on finit pas intégrer ses valeurs.
Et puis justement, question société, le Québec, il va mal…

Même dans la position en faveur de la grève, je trouve dommage de voir que parfois, certains étudiants adhèrent au mouvement pour les mauvaises raisons. Encore une fois, on peine à saisir les véritables enjeux. On vote parce qu’on a peur de voir son propre billaugmenter. On pense à l’argent de sa tirelire et à soi-même alors que la question est loin d’être individuelle.

De l’endettement ? Oui, moi je suis endettée et je vais m'endetter encore plus l'an prochain avec la hausse. Ok. Mais encore ?? Comprenez, l’enjeu de l’éducation est extrêmement plus profond. Outre le fait qu'elle empêchera certaine personne d'accéder à l'éducation, la montée des frais de scolarité dénote d’une tendance pernicieuse et invisible : celle du néo-libéralisme. 

Vous chialez contre la SOPA et contre Harper sans vous rendre compte que nous suivons présentement un courant général vers une même direction. La montée des frais de scolarité n’est pas distincte de ces changements, elle EST ces changements!

À L’AÉCUM, nous sommes chanceux! : Marc-Antoine Morin, outre nous entretenir sur le jambon et les tomates, est la  parfaite incarnation de ceux-ci!

Ce dernier marque en outre un point! Nul besoin d’être tata et grossier pour s’opposer à la hausse des frais de scolarité.  C’est bien dommage que l’image véhiculée soit encore celle de l’hippie qui brûle des drapeaux et qui « pitche » des tomates, pour reprendre les propos de notre cher Morin, auto-Président de l’MÉSRQ.

Car la réalité est tout autre. Des personnes différentes, d’horizons différents sont contre la hausse des frais de scolarité. De plus, il n’est pas nécessaire d’être pauvres et de ne pas avoir de manteau Canada Goose  pour légitimer son désaccord face à la hausse. Le mouvement de grève étudiante au Québec est GÉNÉRAL et MASSIF.
Les personnes qui appuient la grève veulent apprendre, réussir, avoir un bon emploi et forger une société progressiste et éduquée.

Elles ont dit NON à la régression de l’État.
La grève n’est pas une partie de plaisir.
Ce n’est jamais lefun ces choses là, c’est un moyen d’urgence pour la chose la plus précieuse que nous possédons : Le Savoir.

Et le Savoir et sa transmission ne s’achètent pas.
On « investit » pas dans son éducation comme on « investit » pas non plus dans son amoureux mais, on peut par ailleurs « s’investir » dans notre communauté.
Et si la conclusion de l’AG de mardi dernier me fait honte, elle m’a en outre convaincue d’une chose: la nécessité d’agir, au plus vite.

Je n’ai pas l’habitude d’écrire et de prendre position mais j’estime que cette fois, j’en avais le devoir.

-Cybele

« Au-delà des calculs comptables, la question de fond en est une de principe. L'éducation ne devrait pas être un luxe ou un produit de consommation comme un autre à payer en mille versements inégaux. Ce devrait être un droit qui permet à la société d'aspirer à un bien commun.» Rima Elkouri




5 commentaires:

  1. Wow! Superbe billet. Merci d'oser DIRE!

    RépondreSupprimer
  2. Bravo! Très beau texte. La conscientisation et la lutte se poursuit. Ce sont des événements importants pour faire de l'éducation politique.

    RépondreSupprimer
  3. Wow! Attaque personnelle, c'est tout plein de gros bon sens ton billet...

    RépondreSupprimer
  4. "Des personnes différentes, d’horizons différents sont contre la hausse des frais de scolarité".

    Et qu'en est-il des gens qui sont "pour"? Je n'ai pas d'iPhone, ni de Canada Goose et pourtant, je suis pour la hausse des frais de scolarité. J'ai réussi à m'en sortir, jusqu'à maintenant, sans m'endetter. Je n'ai même pas obtenu de bourse, ni de prêt. Pourquoi? Parce que je travaille pour payer mes études. Oh je sais, ça demande quelques sacrifices... Une bière de moins par-ci par-là, mais hey! J'aime mes études, je me passionne pour mon domaine, et je n'ai absolument aucun problème à y contribuer davantage. Ce qui me pose problème, ce sont les gens qui flânent d'un B.A. à l'autre, en y mettant le moindre effort parce qu'au fond, une année de plus ou de moins, c'est quoi dans une vie? Peut-être qu'en attribuant une valeur monétaire aux études - parce que celle-ci semble être la seule considérée par la majorité -, les gens vont prendre conscience de la chance qu'ils ont d'avoir accès, aussi facilement, à un enseignement de qualité qui reste, malgré tout, la moins coûteuse en Amérique du Nord.

    RépondreSupprimer
  5. Attribuer une valeur monétaire aux études n'est pas une solution à votre rancune.
    On ne peut attribuer un prix à l'éducation comme on ne peut le faire pour la santé, la liberté et le bonheur et c'est parce qu'ils ont une VALEUR infinie.

    Bien évidemment A.F, j'ai moi-même 2 emplois et je suis à temps plein aux études et c'est bien formidable que vous soyez passionné (tout comme vous, je le suis aussi :) )

    Vous avez droit à vos opinions,
    mais pourquoi se comparer à plus bas quand on peut viser haut comme société?
    Partout, dans les gouvernements qui ont fait des choix semblables, on peut voir les conclusions lamentables de la hausse...et la qualité de l'éducation n'en est pas améliorée pour autant...

    L'enjeu n'est pas de sanctionner une minorité qui flâne aux études parce que nous ne le faisons pas et que ca nous frustre.

    Quand on parle de hausse des frais de scolarité, on parle de sanctionner une société entière et ce sont nous-mêmes qui se pénalisions au bout de la ligne, d'une société éduquée et riche.

    RépondreSupprimer