jeudi 17 juin 2010

Bouillon de poulet pour l'âme située

Ils ont dit que les carottes étaient cuites et nous avec, qu'il fallait quitter le pays.
Quand les immigrants parlaient de racines, avant, je les trouvais pittoresques et braillards. J'aurais pas cru jusqu'à l'heure de passer la frontière qu'on sentait vraiment son âme sortir de terre et flotter toute nue comme un fantôme.
J'aurais pas cru que mon âme-racine allait se désagréger lentement, vulgaire carotte dans le bouillon culturel des villes d'ailleurs, des villes aux mille immigrés.

J'aurais pas cru ne t'aimer que dans la ville qui nous avait vus naître.

J'ai un drôle de mépris pour ceux qui, comme moi, ont quitté le pays où ils sont nés.

Ce doit être que je vois, derrière leurs yeux pâlis et leur sourire jaune, une petite toute petite carotte désagrégée.

b.

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