dimanche 17 octobre 2010

Amen


Une femme dans le coin froid d’une pièce, rapièce une toile de soie. C’est une toile turquoise piquetée d’argent, la carte du ciel de deux enfants. On a mis dans le caveau, en plus de la soie, un poignard ciselé, un agneau mort-né et une toute petite toile d’araignée. Ce sont les souvenirs en parcelles qui reviennent hanter la vieille, les petites poupées trouées, les bouquets de fleurs fanées. Et les deux gamins, poudre de perlimpinpin, dans deux paquets de papier que la grand-mère a fait brûler. Les larmes ne viennent jamais lorsqu’il faudrait, elles se creusent de ruisseau en rivière. C’est une surprise sinistre, la goutte d’eau qui fuit du robinet, qui emplie le silence d’encore plus de silence. La femme s’agenouille devant la mort. Elle s’excuse à la pyrite de ne pas être de l’or. Elle a un chapelet à réciter. Et elle jure de secouer les femmes ternes comme des pruniers. Des fruits incroyables à dormir debout. Car il faut luire et briller, avec notre bijou.


Cheyenne

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